jeudi 30 janvier 2014

Jour 9 - La tristesse

Pourquoi je fais cela?
Pourquoi j’écris tout cela?

Mais parce que tu me manque!

Depuis quelques mois tu t’es tranquillement éloigné de moi et tout cela m’a énormément chamboulé.
Je ne veux pas par cette lettre te culpabiliser. Je ne veux pas non plus que tu en sois triste. Je veux simplement que tu comprennes pourquoi j’ai agis comme je l’ai quelques fois fait. Je veux t’expliquer d’où venais mon exaspération.

La séparation d’avec ta mère a été sommes toutes assez « facile ». Je ne dis pas que ce fut amusant ou souhaitable, mais malgré ce revers de fortune nous sommes parvenus à un équilibre qui nous a permis mutuellement de t’accompagner dans cette épreuve.

La décision d’une garde-partagé 5 jours/9 jours me semblait un bon compromis étant donné que ton plus jeune frère avait à peine 2 ans et qu’encore il cherchait les jupes de sa mère. Par contre ce fut quand même un déchirement pour moi qui ainsi vous permettait de « prendre racine » chez maman et de n’être que de passage chez moi, votre père. J’ai ainsi tenté du mieux que j’ai pu de donner le change et d’articuler une vie de famille intéressante et confortable.

Maman souhaitait contrôler le budget vous étant dédié, j’ai donc payé toute ma part de vos besoins via une pension pour enfants calculé légalement en fonction de nos revenus. J’étais dans chacun des morceaux de vêtements acheté par maman, j’étais dans chacune des activités scolaires que votre mère a payées. Me gardant l’ingrat rôle du principal pourvoyeur de vos frais de gardes… Le rôle de celui qui ne donne pas de joie, qui est présent dans l’ombre…

L’arrivé de ma nouvelle conjointe et de ses 2 garçons fut surement un gros chamboulement pour vous, mais c’était ma fierté de vous voir bien vous entendre et vous amuser comme vous le faisiez.
Mais tranquillement cette joie fragile que j’ai toujours eu l’impression de tenir à bout de bras s’est tranquillement dissipé avec toi. Je me suis senti le devoir de devenir de plus en plus une « cheerleader » ayant le devoir de t’amuser afin que tu ne t’emmerde pas trop. Ta vivacité a tranquillement cédé le pas à ton apitoiement. Toute ton énergie est tranquillement disparue au profit d’un fantôme se cachant constamment dans sa chambre avec son iPod.

J’ai bien vu que lorsque venait le temps de venir chez nous ton sourire était absent et tes yeux  bouffis.
J’ai bien vu que jamais tu ne t’étais approprié la chambre que j’avais expressément construite pour toi. Laissant les cadres complètement vides, la vidant de toutes substances qui auraient pu nous permettre de savoir que tu y habitais.

J’ai compris que tu souhaitais demeurer de plus en plus avec ta mère, ne m’accordant ces derniers temps que 6 malheureuses journées par mois… 6 journées que tu réussissais à amputer d’avantage en allant coucher chez des amies.

Que me restait-il… que me reste t’il afin de t’accompagner dans l’adolescence?
Une cinquantaine de journées dans l’année que tu passais en partie dans ta chambre!
Je ne t’ai rien fait. Tu ne me déteste pas. Alors que se passait-il?
Était-ce l’anorexie, le mal de vivre, la peur sociale, la peur de manger en dehors du cocon protecteur que tu t’étais forgé chez maman qui t’a éloigné de moi?
Je suis pourtant tout la, prêt à t’écouter, prêt à parler, prêt à m’amuser…

Cet été je me suis frustré contre toi de ne me sentir qu’un clown de service que essayait de te faire rire, qui essayait de te faire sentir bien, qui t’entait de te faire une nourriture saine et équilibrée.
Frustré au point de te proposer de t’en aller chez ta mère toi qui n’aimais alors plus que-elle.
J’ai été frustré je l’avoue de ne recevoir alors que du mépris…
J’ai été également brisé en deux de savoir que tu parlais d’avocat afin de ne plus venir chez nous…

Et tu revenais… sans joie.

Ta sœur, tu la connais, a parlé cette semaine. Elle a dit à maman que si elle désirait un jour ne plus venir me voir elle m’en voudrait de la laisser partir… qu’elle serait trop triste que je n’essaie pas de la remmener chez nous. Ta sœur d’à peine 10 ans m’a totalement requinqué.

Par contre…

Je sais aussi que le désespoir te faisait parler
Je sais que la peur te nouait  l’estomac.
Je le sais que tu m’aime…

Je m’ennuie de toi… tellement…

Chérie, prend soin de toi, prend tout le temps qu’il faut…

Je tacherai d’être là, tout proche quand tu en ressentiras le besoin, quand tu auras besoin de moi.

mardi 28 janvier 2014

Jour 7 - L'avertissement

Ces derniers mois j'ai pris le temps de te parler sérieusement plusieurs fois. Je t'ai même écrit une courte lettre que j'aimerais reprendre ici afin qu'elle ne tombe pas dans l'oubli.

Tu verras qu’elle portait déjà en elle les prémices de ce qui se passe aujourd’hui.

Il y a 6 mois…


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Petite [MA FILLE]...

Tu te rappelles il y a 8 mois... quand tu m'écoutais d'une oreille distraite dans l'auto?

Je t'expliquais alors ce qu'était l'anorexie! Je te racontais que ce n'étais pas seulement une maladie de l'appétit ou un syndrome du "ne pas manger et devenir belle".

Je t'avais alors expliqué que c'était sournois... que tranquillement, en plus de te faire maigrir plus que ce qu'il faut: elle aspirait ta joie de vivre, ton énergie, ta vitalité, tes cheveux, la couleur de ta peau, tes amis, tes activités, ton sport...

Je t'avais alors expliqué que tranquillement cette maladie allait t'aspirée, te détruire petit à petit, changer ta façon de voir la vie, te faire pleurer, te rendre dépressive, te faire te demander "Pourquoi moi"...

Je t'avais alors dis que l'anorexie brisait tellement les gens qu'ils ne se reconnaissaient plus, au point de se détester.

"Hanna", n'est pas une façon de vivre, n'est pas quelque chose de beau et de super qui te fera être populaire à l'école, qui te fera être plus belle, qui te rendra plus performante en cheer. En fait, ce qu'Hanna veut t'offrir ce sont des mirages, des objectifs impossibles à atteindre. Elle s'installe en toi et va t’éteindre... te rendre différente au point où tu ne te reconnaîtras plus!

Je veux que tu sache ma belle [MA FILLE], qu'au-delà de tout ça... au-delà du fais que tu deviens de plus en plus étrangère à mes yeux et aux tiens, que je continue à t'aimer. Que j’aie les bras grand ouvert lorsque que finalement tu demanderas l'aide donc tu as besoin. Je sais que ce ne sera pas facile... mais sais que je suis assez fort pour soutenir et aider ma belle grande fille.

[MA FILLE], ne te laisse pas tomber plus loin dans cette maladie qui a commencé à te broyer le corps et l'âme... reviens vers nous et nous te supporterons.

Nous pensons à toi..
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Et nous continuons à penser à toi… Reviens nous vite :)

lundi 27 janvier 2014

Jour 6 - Retour au train train quotidien

Tranquillement le train-train quotidien est de retour et nous apprenons tranquillement à penser à toi avec l’espoir et le bonheur que tu te rétablis tranquillement.

C’est plus difficile pour ta mère, mais elle se fait tranquillement à l’idée que c’était la chose à faire, et cela même si elle s’ennuie énormément.

Nous appelons chaque soir l’hôpital après 21h afin de discuter avec la personne en place de comment s’est passé ta journée. Nous devons avouer que les réponses se ressemblent beaucoup d’une journée à l’autre.
« Ça va bien », « Elle participe bien », « elle ne boit pas beaucoup, mais se réhabitue tranquillement à prendre régulièrement de l’eau. ».
Je dois avouer que j’ai grandement confiance en toi et en ta participation.

Hier j’ai rencontré une collègue de maman qui m’a parlé de toi. Elle me proposait que c’était triste ce qui arrive, qu’elle connaissait une jeune fille qui s’était retrouvée hospitalisée pour les mêmes raisons et que ça c’était bien passé… je me suis surpris à répondre que tout irait bien, que tu étais forte. J’ai trouvé amusant de réconforter les autres, de prendre ce « lead ». Je dois probablement avoir l’esprit « adamantine ».

J’ai également beaucoup pensé à toi. Je me suis rappelé comment tu aimais « gouter » les aliments. Je me suis rappelé qu’il y a quelques années tu me faisais des demandes spéciales au niveau de la nourriture, que souvent tu souhaitais essayer des plats que tu voyais à la télévision.
Étant cuisinier amateur, c’était une joie pour moi d’accéder à tes demandes… Toujours je cuisinais en me disant « Claudie va aimer ça » me réjouissant d’avance du plaisir que je te ferais.
Ces beaux moments de complicités me manquent énormément.

Également des perles de nostalgie me prenaient à la gorge en me souvenant de tes demandes complices concernant les « coolers ». Tu étais au début de ton adolescence et j’acquiesçait de temps à autres à tes demandes concernant ces boissons a peines alcoolisées qui te permettait de te sentir « dans le party » en soulignant ton entrée dans l’adolescence… je me désole que tu ne retrouves plus ces plaisirs et que maintenant tu évites ces petits moments joyeux.

J’ai confiance quel la vie te permettra de retrouver tous ces moments évanouis

Passe une belle semaine.

samedi 25 janvier 2014

Jour 4 - La rencontre

Nous t’avons finalement rencontré hier matin lors de la rencontre familiale.

Ta mère et moi étions totalement angoissés mais avions hâte de te rencontrer.

Ce fut super!

En fait, je crois que TOI,  la façon dont tu te tenais et que tu nous as reçu, a fini de nous enlever toutes culpabilités en ce qui à trait à ton hospitalisation.

Tu étais souriante, tu as également pleuré, ce qui me semblait une bouffée d’émotion positive, une bouffée de joie de nous revoir et cela m’a vraiment ému.

Je crois également que tu as sauvé ta mère  lorsque tu lui à dit « Maman, n’arrêtez pas de vivre pour moi, ça vas bien aller ici » en faisant référence au fait qu’ils allaient fêter ta grand-mère sans toi. C’est à ce moment qu’elle a compris que ça irait, que tu comprenais où tu étais, que tu n’en voulais à personne et que tu ferais ce qu’il faut faire. En fait, je crois que tes mots ont été bien meilleurs que les miens pour la soutenir… C’est ironique que ce soit toi qui réconforte ta mère et non le contraire.

J’ai beaucoup apprécié le personnel de l’hôpital qui a su nous mettre en confiance, leur physionomie réconfortante. J’ai grandement apprécié les mots qu’ils nous donnaient. Nous savons maintenant à qui nous t’avons confié et avons confiance que tu pourras cheminer avec eux.

Aujourd’hui, samedi le 25 janvier, je sais que la bonne décision a été prise.

Il est vrai qu’il n’y a JAMAIS de bons moments pour en arriver à cette extrémité annoncée.

"...Encore une chance...", "...encore une semaine...", "...on verra la semaine prochaine...", "...elle va peut-être tout comprendre d’ici 15 jours...", "...on en est à quelques jours d’une reprise en main...", "...laissons-lui la chance jusqu’au 30 janvier...", "...laissons-la faire sa compétition avant de la plonger dans le système hospitalier…" ....  .JAMAIS, JAMAIS, JAMAIS ça n’aurais été le bon moment.

J’ai été content de te voir sourire.
J’ai été content de te voir si forte et non dans le déni.
J’ai été contente de te voir en sachant que tu semblais comprendre être à ta place.

C’est toi qui nous as réconfortés hier… merci.

Je t’aime, on pense a toi.

vendredi 24 janvier 2014

Jour 3 - La colère et la culpabilité

Je te l’avoue, je suis en colère.

En colère après moi, en colère après toi. En colère de ne pas avoir pu trouver les bons mots, en colère de ne pas avoir choisis les bonnes actions.

Je te l’avoue, je me culpabilise aussi.

Je me culpabilise de t’avoir fait hospitalisé. Je me culpabilise de t’avoir encouragé dans la discipline qu’est le cheerleading… la causalité entre la façon dont tu sembles te percevoir et ce que reflète le cheerleading me saute à la figure. Je me culpabilise de m’être fâché à table contre ton frère par le passé et de peut-être avoir modifié inconsciemment ta relation avec la nourriture.

Puis-je me ressaisis!

Ta mère se remet complètement en question, se culpabilisant de nous être séparé elle et moi et de peut-être avoir causé ce qui t’arrive. Se culpabilisant de t’avoir trop couvé, de ne pas t’avoir préparé au monde extérieur. Se culpabilisant d’être trop naïve et de ne pas avoir vu que tu trichais à l’école, que tu lui mentais pour acheter des laxatifs, que tu utilisais son cœur de mère pour lui en passer de p’tite vite.

Et tout cela amène sa colère. Contre toi, contre elle, contre nous, contre Dieu et la fatalité.

Que peut-on y faire?
Rien, absolument rien!

Je tâcherai de lâcher prise!  Je veux être  le fort , celui dont tous ont besoin pour passer au travers. Je vais encourager ton petit frère et ta petite sœur à garder le sourire et à apprécier ce moment que tu passes loin de nous pour guérir et redevenir comme avant  ...  Je vais aider ta mère à passer au travers. Je vais trouver les mots justes pour la réconforter et pour qu’elle croît enfin que ton hospitalisation récente n’est pas l’issue fatale qu’on voit arriver depuis 1 an mais plutôt le début de ta guérison et le début de la nouvelle « [Ma fille] ».

Ça sera ma modeste façon de t’aider, d’aider mes enfants, ma famille.

Ainsi, quand tu reviendras parmi nous, tout ne sera que gigantesque joie.

Je t’aime, soit forte.

jeudi 23 janvier 2014

Jour 2 - Nuit blanche

Nous avons reçu un appel de l’infirmière hier soir.
Elle souhaitait nous proposer un rendez-vous vendredi matin, 24 janvier pour nous rencontrer. J’ignore de quoi nous allons discuter…
Elle nous a dit qu’il était possible que tu assistes à cette réunion et ça me terrifie.

Nous sommes tiraillés ta mère et moi par la grande joie de te revoir si vite (nous pensions que tout contact était proscrit pour les prochaines semaines) et par l’obligation que nous aurons peut-être de te décevoir en te laissant sur place même si tu nous supplies de t’emmener et cela même si tu nous promets que tu changeras.

J'ignore ce qui arrivera à cette réunion, peut-être demain nous diront-ils que finalement, tu n'as pas ta place là et que tout n'est pas si catastrophique...

L’infirmière nous a dit que tu assumais ta situation, que tu ne pleurais pas beaucoup mais que tu t'ennuyais énormément. J'imagine que la phase de "repos" que tu dois subir au début, cette phase où tu te retrouves seul avec une jaquette d'hôpital à regarder dans le vide, a pour effet de t'ouvrir l'esprit au changement, a pour effet de te "casser". Ça doit être terrible, pardonne-nous.

Elle nous a aussi dit que tu ne comprenais pas pourquoi tu étais là. Que dans ta tête, tu faisais des efforts et que tu mangeais ce que l'on te disait de manger.

    Laisse-moi ici te répondre...
Depuis le tout début de ta prise en charge, il y a 1 an, nous t'avons protégé de tous les effets néfastes de l'Anorexie. Nous te tenions à bout de bras et t’obligeons à manger, ce que tu faisais docilement pour éviter les affrontements. Nous t'avons tellement protégé que tu en es probablement devenue à être bien là-dedans. Pour toi l'Anorexie se résume maintenant à manger le strict minimum en essayant de tricher de temps à autres...   la maladie a cédé le pas dans ta tête a une façon de vivre. Non! L'Anorexie n'est pas une façon de vivre, c'est une façon d'éviter de vivre. On ne peut pas éternellement te garder sur la mince ligne qui sépare la santé de la maladie!

Tôt ou tard, nous ne serons plus là, tu partiras en appartement et l'Anorexie sera tellement devenue normale pour toi que tu t’enfonceras en te disant que tu as été ainsi toute l'adolescence, que rien ne t'est arrivé donc que rien ne t'arrivera... et c'est faux.

Déjà, tu t'enfonces dans la culpabilité, la peur de sortir, un certain isolement. Tu souffres d'aménorrhée, tu as toujours froid, tu es pâle, tu es décharnée. Bientôt, tes os décalcifiés te lâcheront, tu te blesseras et tu ne guériras pas. Dans l'avenir, tu ne pourras plus avoir d'enfants, tu ne pourras plus te passer d'antidépresseurs et tutti quanti...

C'est aujourd'hui que l'on doit réagir et cette hospitalisation sera NOTRE cadeau pour toi, une façon de te DONNER les rênes de ta vie, de te donner les outils qui te permettront maintenant d'assumer tes choix et d'en discerner la portée.

Évidemment, ce n'est pas une décision personnelle. Nous nous attendions à cela ta mère et moi. Les spécialistes qui te suivent nous ont confirmé que tu ne comprenais pas la portée de ce qui t'arrivait. Tu ne mangeais que pour éviter les affrontements et que tu trouvais cela normal. Dans la dernière année, ils n'ont vu aucune modification dans ton regard sur toi-même... croyant encore que tu n'étais pas VRAIMENT malade. Tu ne t'es pas investi dans la dernière année... te mettant à détester les diététistes qui ne cherchait qu'à te donner de bonnes habitudes de vie. C'est cet événement qui nous a emmené à comprendre que la maladie allait détruire ta santé AVANT que tu t'en rendes compte et c'est pour cela que nous souhaitons dès maintenant te donner les outils qui te permettront d'être heureuse dans la vie.

Il y a 4 étapes dans l'Anorexie:
1: La perte de poids
                Nous nous en sommes aperçus et t'avons prise en charge à ce moment
2: La stagnation
3: La reprise de poids
4: L'après anorexie

Tu es actuellement dans l'étape #2, la stagnation. Cette étape peut être assez longue, tu peux y être encore quelques années mais cette période doit être dynamique, c'est à dire que tu dois tranquillement t'ouvrir et travailler pour t'en sortir. Présentement, elle n'est pas active... tu ne travailles pas et laisse l'anorexie s'installer à un point où elle détruira ta vie. 


Je t'aime, j'ai hâte de te voir demain.

mercredi 22 janvier 2014

Jour 1 - Hospitalisation

C'est arrivé...

Ce n'est pas qu'on l'ignorait, on s'en doutait et peut-être même qu'on l'attendait. Tu es entrée hier soir à l'hôpital! Tu n'as que 14 ans.

C'est un choc pour moi et ta mère, on est sans mots... tiraillés entre les "pourquoi", les "qu'est-ce qu'on a fait" ou "qu'est-ce que l'on aurait pu ne pas faire" afin d'éviter tout cela et la colère que tu n'aie pas compris à temps le mal que tu te faisais.

J'ai beaucoup pensé la nuit dernière... et j'en viens aux conclusions suivantes:
- Depuis 1 an ½, tu ne manges plus convenablement...
- Tu n'as plus de règles...
- Tu as toujours froid recouverte en plein été d'une doudou laineuse pour te garder au chaud...
- Tu as demandé a ne pas avoir de fête afin de te sauver de je ne sais pas trop quoi..
- Tu as soigneusement évité une grande partie des réunions familiales de Noël que tu aimais tellement il y a 2 ans...
- Tu t'isoles de plus en plus, angoissée à la moindre idée d'avoir à affronter un repas loin du cocon familial...

et au travers de tout cela

- Tu ne prend pas "vraiment" de poids... grappillant ici et là quelques livres, les reperdant, les reprenant...
- Tu as grandis, annihilant du même coup toute prise de poids...
- Tu avoues ne manger que parce que l'on te le demande...
- Tu essaies souvent de ne pas terminer une assiette... de sauter un verre de lait... de manger "léger"...
- Tu prends 1 heure pour manger, grignotant d'avantage ton repas qu'autre chose...

Si on avait eu le moindre soupçon que tout cela t’inquiétait et que tu aurais eu la volonté de te prendre en main on n'en serait pas arrivé à cette extrémité... mais rien n'arrivait.
En fait "Anna" avait pris le contrôle et menait maintenant ta vie. L'Anorexie était en train de devenir UN MODE DE VIE s'implantant d'avantage à chaque jour.

J'ai peur que l'aménorrhée (l’absence de règles chez la femme) t'empêche d'avoir des enfants dans l'avenir... que la décalcification de tes os te conduise vers des problèmes de gens âgés avant tes 40 ans (déjà que tes antécédents génétiques ne t'avantage pas du tout de ce côté). J'ai également peur que tu en décèdes...

Je t'ai doucement touché le dos en fin de semaine, j'y ai compté chacune de tes vertèbres et j'ai pu sentir chaque trou entre tes côtes... j'ai eu un frisson.

Donc, nous devions cesser cette spirale qui était en train d'avaler ce que tu pourrais devenir et qui allait compromettre tout ton avenir et ta joie de vivre.

Pardonne-nous chérie...